Retrobright où comment redonner à vos claviers leur couleur d'antan

Retrobright où comment  redonner à vos claviers leur couleur d'antan

Hlide Fremen, du forum AmstradPlus nous a fait part de ses expérimentations pour essayer de rendre sa couleur d’origine aux touches de son SHARP MZ-700, ans que de son TO8. Avec son autorisation, j’ai regroupé en un seul article toutes ses observations sur le sujet…

Le principe

Mon point de départ est cet article qui est lui même inspiré d’une vidéo de The 8-Bit Guy sur le sujet. La technique qui est décrite consiste à utiliser la chaleur plutôt que les UV pour accélérer l’action. Pour ma part, je souhaitais une technique qui se passe des UV en raison de leur effet néfaste sur les polymères. J’ai donc testé cette technique pour avoir une idée de ce que ça donne. Il s’agit d’un expérience de « cuisson » sous vide des touches de clavier avec de l’eau oxygénée.

Pour cela, il faut baigner un sachet contenant de l’eau oxygénée, fermé (zippé ou sous vide), dans de l’eau chauffée à une température constante grâce au cuiseur sous vide (le manche blanc et son tube en inox).

Premier essai

Pour ne pas risquer d’endommager les touches de mon SHARP MZ-700, j’ai préféré y aller progressivement. J’ai effectué le premier essai avec du peroxyde d’hydrogène à 3% (10 volumes), mais sans surprise ce ne fut pas concluant..

J’ai alors relancé l’expérience avec de l’eau oxygénée à 12% (40 volumes). Résultat après une heure et demi sous 60° en solution 12% sans mélange d’eau, les touches avaient l’air plus claires et bien moins jaune. Mais ça ne me semblait pas évident de conclure juste en regardant au travers d’un sac. J’ai donc laissé une heure et demi supplémentaire. Ce n’est qu’en remettant ces touches sur le clavier en comparaison des autres que j’ai pu me rendre compte du résultat :

J’ai baigné 6 touches (F1, 1, GRAPH, F2, 2 et ALPHA, dont les 3 premières issues d’une première expérience pas très probante) et 3 touches (F3, 3 et CTRL) ont été nettoyées normalement pour servir de référence. Les touches viennent d’un clavier qui m’a été donné en l’état.

Il reste encore un peu de jaunissement sur les touches. Fallait-il que j’augmente le temps de l’expérience ? Fallait-il que je j’augmente la température? Le test de the 8-bit guy qui m’a inspiré était à 70° pendant 4 heures.

Les couleurs bleu et orange n’ont pas changé à l’endroit où il n’y avait pas de jaunissement. Pour la touche bleu, ça se traduisait par un bleu sombre légèrement verdâtre. Pour l’orange, ça se voyait pas trop à part l’inscription jaunie.

Un simple bain à 60° à 40 volume a donné le meilleur résultat. Par contre, la touche bleue qui a aussi servi dans la première expérience semble avoir le plus dégusté alors qu’à la sortie de la première expérience, elle n’était guère différente des autres : la partie sombre verdâtre a nettement éclairci par rapport à la base non décolorée. Mais un coup d’œil avec la lumière du jour montre que l’autre touche bleu a encore un jaunissement mais plus faible. J’aimerais pouvoir être optimiste en me disant que cet éclaircissement est lié à la présence de ce jauni mais je ne ferais pas ce pas.

Donc, j’ai l’impression que l’action attaque bien la partie jaunie et qu’il y a un certain exercice à faire pour éviter ce blanchissement. Cela passerait sans doute par une température moins élevée et un accroissement du temps. Ou alors il faut une température un peu plus élevé mais avec un temps plus court.

Ceci dit, ça donne bien sur les touches blanches avec l’inscription noir. J’imagine que pour les touches du TO8 et ceux du CPC 6128, ça donnerait bien aussi.

Au tour du TO8

Pour les touches du TO8, j’ai augmenté à 65°, mais pas plus de 2 heures. Je conseille même moins et de le faire en plusieurs fois en renouvelant l’eau oxygénée dans le sac. Il faut à chaque fois vider le sac, rincer les touches, et si le résultat n’est pas satisfaisant, renouveler l’eau oxygénée dans le sac et recommencer la cuisson.

Le TO8 Avant:

Et Après:


Je précise qu’il n’y a aucune décoloration sur les touches – ni la jaune, ni les grises : les couleurs sont homogènes. Mais on voit toujours une différence avec la couleur d’origine sous les touches. Je n’avais plus d’eau oxygénée pour faire une troisième passe et au final, ce n’est pas plus mal car ça colle bien avec la couleur de la coque qui elle n’a pas bénéficié du traitement. Le résultat n’est vraiment pas désagréable à regarder.

L’action paradoxale de l’UV dans le retrobright

L’intérêt de cette technique, c’est qu’elle se fait sans UV. L’UV casse les polymères. Dans le cas d’une touche, on peut voir ça comme le creusement de nano-tunnels qui favoriseraient la formation de bromine au contact de l’air, responsable du jaunissement en surface.

L’UV s’accompagne de libération d’énergie sous forme de chaleur qui accélérerait la formation de la bromine en migrant plus facilement vers la surface via les “nano-tunnels”. Donc, le fait de “retrobright-er” avec de l’UV devrait amplifier le phénomène du jaunissement en l’absence de l’eau oxygénée.

C’est pourquoi je pense qu’à partir du moment où un plastique a été exposé fortement à de l’UV, il redeviendra inexorablement jaune, même dans une pièce noire humide et chaude.

Par contre, sachant que certaines zones des touches ont jauni parce qu’elles ont été exposées, je vais me servir de la chaleur et de l’eau oxygénée pour faire remonter la bromine et la détruire sans aggraver la situation (je l’espère du moins) car j’ai noté que les parties non exposées ne bougeaient pas (la couleur restait la même que celle d’origine).

Concernant la bromine, je présume qu’elle va polluer l’eau oxygénée. En temps normal, l’eau oxygénée produit de l’eau et de l’oxygène à la fin :

2 H2O2 → 2 H2O + O2

L’eau est jaunie quand on la sort et il y a une légère odeur mais heureusement non persistante. On peut espérer que la bromine est « extraite » du plastique.

Conclusion

Pour finir, le principal défaut de cette méthode c’est qu’elle agit uniquement en surface, contrairement aux UV, qui creusent bien plus profond mais avec l’effet paradoxale que l’on lui connait. Je verrai bien comment ces touches vont évoluer dans le temps.

Mon CPC 6128 a des touches jaunies, j’envisage de lui faire subir un traitement de ce type. J’ai bien songé à faire aussi la coque du TO8 mais je pense qu’il faut disposer d’un sac plastique assez grand et d’un grand bac qui peut supporter 70° sans broncher. Il faudrait vraiment fermer le sac – je ne suis pas sûr qu’un zip soit suffisant si on doit plonger tout le sac dans l’eau.

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